Observation des élections législatives au Maroc – 7 octobre 2016

Poursuivant ses efforts de renforcement de la démocratie, qu’il soit sur le plan national ou régional, Jeunesse Sans Frontières a participé, dans le cadre du Réseau des Elections dans le Monde Arabe «ENAR», à l’observation des élections des membres de la Chambre des Députés au Maroc qui se sont tenues le 7 octobre 2016. Composée de trois membres, la délégation tunisienne représentant JSF a essayé de se rendre à Rabat trois jours avant le scrutin afin de rencontrer les représentants des partis politiques, les candidats et les autorités chargées de l’organisation des élections afin de cerner tous les aspects de ces deuxièmes élections qui se tiennent après la révision de la Constitution marocaine de 2011, de déceler les problèmes ou obstacles qui peuvent nuire au processus démocratique au Maroc et de suivre les derniers jours de la campagne électorale. Ainsi, la délégation de JSF a rencontré les responsables de l’accréditation des observateurs au niveau du Conseil National des Droits Humains au Maroc ainsi que les responsables au niveau du Gouvernorat (Wilaya) de la Région de Rabat.

Par ailleurs, une réunion de coordination avec le partenaire marocain du réseau ENAR a été organisée le 6 octobre 2016 afin de déterminer les centres de vote à couvrir ainsi que les groupes d’observateurs à former.

Le jour du scrutin, les participants ont essayé de couvrir tous les centres de vote de la circonscription de Rabat Océan, Rabat Chella, Salé Médina, Salé Eljadida et Salé Skhirate-Témara. L’observation a porté sur l’ouverture des bureaux de vote, le suivi des opérations de vote, la clôture et les opérations de dépouillement. Les observateurs ont recensé plusieurs anomalies et imperfections qui entachent le processus électoral et dont on peut citer:

  • l’absence de toute indication au niveau des écoles, collèges et lycées permettant d’indiquer l’existence d’un centre de vote et d’orienter les électeurs, les observateur et les médias;
  • le manque de professionnalisme des membres des bureaux de votes lié surtout à la formation qu’ils ont reçu;  
  • l’absence de toute personne chargée de veiller à la tenue de queue devant les bureaux de vote afin d’éviter que beaucoup d’électeurs s’amassent en même temps dans le bureau de vote;
  • la quasi-impossibilité de distinguer les membres des bureaux de votes des autres personnes présentes à l’instar des délégués de partis politiques et des électeurs;
  • la non-uniformisation des informations et instructions données aux membres des bureaux de vote ce qui a conduit à interdire dans certains bureaux aux observateurs d’y entrer avant qu’intervention d’autres personnes, toujours anonymes, pour rectifier les choses;
  • l’organisation des bureaux de vote ne s’est pas faite suivant un modèle permettant de renforcer la transparence des opérations de vote ainsi que la mise en place d’isoloirs collé l’un à l’autre ce qui permettait la communication entre les électeurs ce qui va à l’encontre des principes de libre scrutin et de son caractère secret;
  • l’utilisation au niveau de chaque bureau de vote de deux listes d’électeurs conjuguée avec la non-signature de l’électeur devant son nom peut être une source de fraude surtout dans les bureaux où aucun observateur ou délégué de parti politique ne se trouve;
  • le recours dans certains bureaux de vote aux services du même mineur pour aider les électeurs analphabètes dans l’accomplissement de leur devoir électoral, ce qui peut révéler des opérations d’achat de voix et de contrôle du choix de ces électeurs;
  • la non-vérification des doigts des électeurs, avant de leur donner les bulletins de vote, afin de s’assurer qu’ils ne votent pas plus d’une fois;
  • l’autorisation donnée par les présidents des bureaux de vote à la presse de faire des interviews à l’intérieur de ces bureaux;
  • l’annulation de beaucoup de bulletins de vote au motif que la croix faite par l’électeur débordait hors du cadre qui lui est réservé alors que l’intention de l’électeur et son choix sont manifestement clairs;
  • la conception du bulletin de vote ne permettait pas à l’électeur de distinguer clairement les listes qui se sont portées candidates au niveau des circonscriptions locales de celle nationale…

Par ailleurs, JSF réitère son soutien au processus démocratique au Maroc et insiste sur le fait que les élections législatives du 7 octobre 2016 se sont tenues dans un climat démocratique et ont atteint un seuil de transparence et d’intégrité acceptable.